L'ATELIER DE PROGRAMMATION CINÉMA
À CONTRE-CULTURE
26 MAI 2023 - 18 H
Villa Arson
https://villa-arson.fr/formation/atelier-de-programmation-cinema/
SUR LA PLAGE DE BELFAST
Henri-François Imbert I France I 1996 I 0h40
19H - GRAND AMPHI
EN PRÉSENCE DU CINÉASTE
Dans une caméra offerte par une amie de retour de Belfast, le cinéaste trouve un film inachevé. Le film montre une famille inconnue s’amusant au bord d’une plage, une femme brandissant un trophée, un magasin … Grâce à une expertise des laboratoires Kodak, il découvre que le film date d’une douzaine d’années. Le cinéaste décide de se rendre en Irlande du Nord pour retrouver ces gens et leur rendre le film.
VU PAR
Jean-Henri Roger
LA PLAGE RÉVÉLÉE.
Souvent je pense, et recherche cette émotion que nous a livrée l'invention de la photographie et nous donne le Polaroïd, émotion du révélateur. Emotion sensuelle de la représentation désirée, apparition progressive, déshabillage inversé plus sensuel que le vulgaire strip. Sur la plage de Belfast participe de ce plaisir. Il y participe comme si le cinéma avait retrouvé son innocence, sa proximité avec ses origines. En effet le film fonctionne sur cette idée extrêmement active, derrière les images du film retrouvé, il y a des corps de chair des lieux qui ont une existence dans la géographie. Le film fonctionne sur la recherche de la preuve, machine à fiction qui nous rappelle que, depuis les frères Lumières, le réel est le moteur de la fiction cinématographique. Sur la plage de Belfast nous livre une autre émotion des origines de l'art cinématographique : celle du temps qui passe. Le cinéma est un art mélancolique qui inscrit la conscience de la perte du présent. Il y a une profonde jubilation mélancolique à découvrir ces corps qui dix ans plus tôt jouaient, en toute innocence de l'objet de fiction qu'ils allaient devenir, sur une plage de Belfast. Le temps est aussi inscrit par la mort, mais pas d'un des personnages qui barbotent sur la plage, mais de celui qui filmait nous rappelant ainsi que si les êtres étaient mortels, leur représentation lutte contre l'idée même de la mort. Si le film de vacances est le degré zéro de l'écriture cinématographique, Sur la plage de Belfast en partant de ce dispositif minimum nous livre des fondements anthropologiques de l'art cinématographique.
Sur la plage de Belfast est le film qui aurait dû être diffusé pour le 2ème siècle du cinéma, car il produit le plaisir unique d'avoir le sentiment de vivre la naissance du cinéma et la certitude de découvrir un auteur.
VU PAR
Claire Simon
LA SÉANCE SERA PRÉCÉDÉE, À 18H, PAR LA PROJECTION DES FILMS RÉALISÉS PAR LES ÉTUDIANTS DANS LE CADRE DE L'ATELIER DE RÉALISATION MENÉ PAR CLAIRE SIMON
PROCHAINE SÉANCE "À CONTRE CULTURE
JE, TU, IL, ELLE
Chantal Akerman I 1974 I 1h20
Une jeune femme passe du temps seule dans sa chambre, sur la route en stop, et avec une amie. « Je retournais à Bruxelles en stop voir cette fille, Claire, et j'ai vécu toutes sortes d'aventures avec les camionneurs qui me prenaient en stop, c'était dangereux. Mais à l'époque, on vivait comme ça. » (Chantal Akerman)
Lorsqu’elle tourne ce premier long métrage de fiction largement autobiographique, Chantal Akerman a 24 ans. Le titre, Je, tu, il, elle scande les quatre temps du film. Je : une jeune femme (Chantal Akerman), seule chez elle, déplace ses meubles, finit par les pousser contre les murs et par s’allonger par terre. Tu : en mangeant du sucre à la petite cuillère, elle écrit des lettres. Les jours passent, les pages s’accumulent. Il : après plusieurs semaines passées à déchirer et à recommencer ces lettres, elle sort le soir et rencontre un camionneur qui lui parle de lui, du désir, de son rapport aux femmes. Elle : en pleine nuit, la jeune fille va chez une amie qui la repousse d’abord, puis partage avec elle son repas et son lit. Au petit matin, la jeune fille part sans un mot.
« Chaque fois que je revoie le film, l’image –la mienne –qu’il me renvoie me met mal à l’aise. Je n’ai pourtant apparemment plus rien de commun avec ce personnage hors du social, désespéré, et qui pourtant pose geste après geste, avec une sorte de décision secrète, un désespoir muet proche du hurlement ». (Source Centre Pompidou)